Isabelle Fromantin est une infirmière spécialisée dans les plaies chroniques.
Ses expériences, notamment en Afrique, au Togo, n’ont fait que renforcer sa compréhension de l’importance des conséquences psychologiques et sociales de la maladie, et plus spécifiquement celles engendrées par les plaies chroniques. Car ces dernières, en plus de leur aspect répulsif, peuvent être malodorantes.
Isabelle Fromantin se lance dans une thèse en sciences fondamentales. Une première pour une infirmière ! Au cours de ce travail de recherche, elle se concentre sur les plaies tumorales du sein qui ne cicatrisent pas lorsque les traitements ne fonctionnent pas.
Au cours de sa thèse, elle commence à travailler avec des chimistes pour explorer un aspect inattendu des bactéries peuplant les plaies chroniques : les composés organiques volatils émis par ces dernières.
Ensuite les projets et les idées s’enchaînent : développer des produits atténuant les odeurs, travailler sur la perception et les conséquences des plaies sans oublier le dernier en date : détecter des cancers grâce à l’odorat des chiens.
« Pour le projet Kdog, tout est parti d’un courrier envoyé par le maître-chien Jacky Experton à des dizaines d’hôpitaux » se rappelle l’infirmière.
Seule Isabelle Fromantin s’intéresse à cette proposition d’utiliser les capacités – et surtout les 200 millions de cellules olfactives présentes sur la truffe – de ses chiens pour détecter les explosifs à la recherche des odeurs des « maladies ». Il n’en fallait pas plus pour l’infirmière dont la thèse de science portait sur les composes odorants volatils pour se lancer dans l’histoire. Pour cela, elle a réuni des chercheurs et cliniciens de différentes spécialités. « J’aime le mélange des genres ! » accorde-t-elle. Aujourd’hui Kdog, c’est deux malinois dressés, Thor et Nykios, et 100 % de réussite pour le 1er test grandeur nature : sur les 130 échantillons présentés, les deux chiens ont détectés les 79 tissus imbibés par la sueur de femmes souffrant d’un cancer du sein. Il reste encore beaucoup à réaliser pour mettre au point le nez électronique dont rêve Isabelle Fromantin, et étendre la détection à d’autres cancers.